Université Saint-Louis - Bruxelles
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Portrait de Benedikte Zitouni,

professeure de sociologie à la Faculté des sciences économiques, sociales, politiques et de la communication à Saint-Louis

 

C'est en forgeant qu'on devient forgeron. Après avoir interrogé Benedikte Zitouni, professeure et chercheuse en sociologie à Saint-Louis, la tentation d'écrire : "c'est en voyageant qu'on devient sociologue" est grande.  Des voyages dans le monde, au contact des autres, à la découverte d'autres cultures, d'autres langues, d'autres façons de penser, mais pas seulement ! Le voyage autour de soi-même, la réflexion personnelle, la compréhension de l'autre, si proche et pourtant si lointain. Il ne faut pas aller bien loin pour se poser des questions et essayer de Comprendre, avec un grand "C", la multiplicité des univers. Pour en connaître davantage sur notre chercheuse, suivez le guide !

 

Issue d'une minorité flamande vivant dans des quartiers francophones à Bruxelles, Benedikte Zitouni, née d'un père algérien et d'une mère flamande, a eu la chance d'être confrontée au métissage alors qu'elle tenait encore un biberon dans les mains. A 16 ans, elle bénéficie d'une bourse de la fondation Roi Baudouin et part pour deux ans au Pays de Galles dans la cadre d'un bac international. Une expérience exceptionnelle qui, grâce à une pédagogie très active, une autonomie et une liberté d'apprendre, l'ouvre à d'autres visions du monde, d'autres chemins possibles.

 

A 18 ans, elle s'envole pour Bangalore, en Inde, afin d'y passer une année en tant que bénévole au sein d'une ONG entièrement gérée par des habitants de la ville. Cette année sera l'année de la remise en question. Des études universitaires ? Pas sûre. Des études « tout court » ? Pas sûre. Rester en Inde ou rentrer en Belgique ? Dix mois après son arrivée, elle réalise que, malgré la complicité qu'elle a pu développer avec l'équipe sur place, une incompréhension mutuelle demeure. "Quelque chose de l'ordre de l'énigmatique" qui empêche la relation forte d'amitié d'atteindre son paroxysme. Son choix était fait : elle devait chercher les clés d'interprétation qui lui permettraient de répondre à ses propres questionnements fondamentaux.

 

De retour en Belgique, alors qu’elle voulait étudier et faire de l’anthropologie à l’ULB, c’est la sociologie qui s'impose à elle. Une réaction très personnelle contre un courant d’anthropologie trop africaniste et exotique à son goût. D’après Benedikte, il ne faut pas chercher bien loin après l’altérité et le mystère qu’elle suscite. Il y a matière à réflexion dans son propre pays, sa propre ville. Son mémoire de licence portera d’ailleurs sur la ville de Bruxelles. C'est notamment à la lecture de l'oeuvre de Mike Davis, historien et sociologue de Los Angeles, que Benedikte comprend qu'elle veut se spécialiser en sociologie urbaine.

 

Travaillant dans un premier temps dans le quartier du Brabant, elle se voit offrir un poste de chercheuse au Centre de Recherche Urbaine à l’Institut de Sociologie à l’ULB en 1999 et trouve alors sa voie en tant que chercheuse. Pousser à bout la réflexion, percer le mystère, déchiffrer l’énigme. Une année de recherche à Oxford, une thèse à l’ULB et à l’école des Mines à Paris, des journées, des semaines, des mois entiers passés à la bibliothèque royale, Benedikte n’en sait jamais assez. En 2011, son compagnon, sa fille de 2 ans et elle, s’envolent pour Berkeley en Californie. Pendant qu’elle continue son parcours en tant que post-doctorante là-bas, son compagnon donne des cours d’architecture à l’Université. Un an plus tard, la famille rentre au bercail : Benedikte a l’opportunité de travailler à Saint-Louis et ne veut pas la laisser passer. Elle est notamment attirée par la taille et la structure de l’institution qui permettent une grande liberté de recherche. Benedikte se réjouit également d’avoir pu sortir un peu de sa spécialisation socio-urbaine pour retourner vers la sociologie générale, avec toutes les portes et réflexions que cette orientation peut ouvrir. Un parcours dynamique et positif tant au niveau professionnel que personnel, puisque la famille s’est également agrandie avec l’arrivée d’une deuxième petite fille en juillet dernier, quatre ans après la première.

 

A la question : « que cherchez-vous sans jamais le trouver ? », Benedikte fait référence à l'un de ses romans fétiches : "The Adventures of Augie March" de Saul Bellow, un hymne à la vie urbaine à Chicago, dans lequel le personnage d'Augie est en quête constante de la différence qu’il a pu faire et du sens de ses actes passés. La chercheuse attend cet instant précis et précieux où elle pourra regarder en arrière, ce moment où toutes ses pérégrinations et déambulations prendront alors enfin un sens à ses yeux. En attendant, elle continuera de confronter ses idées, d'élargir ses horizons et surtout, surtout, elle évitera qu'il n'y ait qu'une seule version du monde !

 

Plus d'infos ? Benedikte en quelques dates.


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