Université Saint-Louis - Bruxelles
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DROI1135 - Séminaire de philosophie



Crédits ECTS : 4

Professeur :
Mode d'enseignement :
Présentiel, premier et deuxième quadrimestre, 30 heures de théorie.

Horaire :
Langues d'enseignement :
Français

Objectifs d'apprentissage :
Le séminaire vise à initier les étudiants à l'expression critique et argumentée, qui est le propre du discours universitaire.


Prérequis et corequis / Modules de cours optionnels recommandés :
Aucun

Contenu de l'activité :
La chute du Mur de Berlin a représenté pour l'auteur de l'ouvrage « La fin de l'histoire et le dernier homme », le philosophe et économiste américain Francis Fukuyama, l'ouverture d'une ère où, la démocratie capitaliste ayant triomphé et éliminé toute contestation idéologique possible, l'humanité vivrait dans un état de paix perpétuel, dans une temporalité qui, pour ainsi dire, serait vouée à l'arrêt. Or, l'histoire lui a-t-elle donné raison ? Les conflits armés entre Etats, les différends idéologiques, ont-ils tous été résolus ? Les événements de notre temps indiqueraient plutôt tout le contraire. Et pourtant, l'ouvrage en question, que l'on peut certes critiquer actuellement, soulève une question d'une importance capitale pour la philosophie politique : La paix perpétuelle est-elle possible et réalisable ?

Cette année, le séminaire de philosophie abordera cette thématique au départ de l'essai d'Emmanuel Kant, « Vers la paix perpétuelle ». Voici quelques-unes des pistes de réflexion et d'ouvertures sur des enjeux contemporains que les étudiants pourront investiguer grâce à cet écrit :

Premièrement, la paix est-elle à faire ? L'homme est-il par nature un être de paix ou l'état naturel de l'homme est-il davantage une guerre permanente ? Au début des années 1970, l'on a « découvert » les Tasadays, une des « tribus perdues » de l'humanité, dans les forêts denses des Philippines, un Etat qui souffrait alors sous le régime de Ferdinand Marcos. Ce peuple aurait vécu isolé depuis des milliers d'années, en parfaite harmonie avec la nature et dans une organisation sociale entièrement pacifique. Les mots mêmes de « guerre » ou de « conflit » leur auraient été inconnus. Quelques années plus tard, avec le changement de régime, des rumeurs ont commencé à circuler d'après lesquelles cette découverte n'aurait en fait été qu'un canular, visant à attirer l'attention de la presse internationale. L'on a retrouvé les anciens membres de la tribu, habillés à l'occidentale, parfaitement intégrés dans des communautés d'agriculteurs. Certains continuent cependant à défendre, preuves à l'appui, l'histoire de cette tribu pacifique.

Si la paix relève d'une construction, comme Kant le prétend, comment peut-elle être mise en place ? Est-ce que, dans la formation d'un Etat, la violence est permise ? Est-ce que le contrat à la base de l'organisation sociale peut relever d'une imposition ? Et, finalement, est-ce que, dans l'objectif de la paix mondiale, l'on a le droit de faire la guerre, de faire ingérence, par des moyens violents, dans les affaires de pays étrangers ? Cette rhétorique de la « guerre pour la paix » est bien présente dans les justifications de conflits actuels. Or, elle semble comporter une contradiction logique. Est-ce que cette contradiction peut être levée. Est-ce que, en d'autres termes, une guerre justifiée est pensable ?

Si la paix se veut planétaire, est-ce qu'elle implique la formation d'un Etat à l'échelle de la Terre ? Est-ce par le biais d'un impérialisme planétaire qu'elle peut prendre forme ? On pourrait également la concevoir sous la forme d'une association d'Etats où chaque peuple garderait sa souveraineté tout en s'engageant pour le commun. Cependant, dans la mesure où la paix que l'on recherche veut défier l'éternité, on peut se demander si une telle configuration est suffisamment stable. Nous avons sous les yeux une organisation qui obéit à ce modèle : le projet européen. Ne le voit-on pas ébranlé, de nous jours, par la résurgence des nationalismes ?

Finalement, dans un élargissement des propos de Kant, l'on réfléchira à l'opposition, beaucoup trop caricaturale, entre les notions de paix et de conflit. Le terme de conflit semble être plurivoque et n'implique pas forcément une confrontation violente. Pris dans le sens du débat, n'est-il pas concevable, que, bien loin d'entraver le projet de la paix, les « conflits » soient justement ses garants? N'est-il pas préférable d'œuvrer pour un monde où les conflits existent, poussent à l'émulation, plutôt que pour un état unitaire qui impose, par la force, une seule manière de penser ? ? Et si l'on admet la nécessité de conflits pour la paix, n'admettons-nous pas par là même la fragilité de tout état de paix et, par conséquent, l'impossibilité de la paix perpétuelle ?


Activités d'apprentissages prévues et méthodes d'enseignement :
Au premier quadrimestre, le séminaire consistera en une lecture commentée de "Vers la paix perpétuelle" de Kant. Pour préparer à la dissertation exigée en fin d'année, les travaux suivants seront demandés : un résumé, un compte rendu et une synthèse.

Au deuxième quadrimestre, les étudiants devront réaliser une dissertation d'une dizaine de pages sur une problématique liée au texte de Kant. Celle-ci pourra être choisie librement et sera discutée lors du séminaire. Rappelons que Kant est également l'un des auteurs-clés du cours magistral de philosophie : la mise en dialogue des deux types d'enseignements facilitera donc la formulation du sujet de recherche. Soulignons enfin qu'avant la remise de la dissertation, les étudiants devront faire part de leurs réflexions lors d'une présentation orale.

Méthodes d'évaluation :
Travail écrit et présentation orale.

Bibliographie :
Les étudiants doivent se procurer l'ouvrage "Vers la paix perpétuelle" de Kant, de préférence l'édition de Françoise PROUST et de Jean-François POIRIER, parue en format « poche », chez Garnier-Flammarion. Le livre est disponible à la reprographie.



Autres informations :
Aucune


Années d'études :