Université Saint-Louis - Bruxelles
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POLS1151 - Séminaire: penser le social


[2 Q. • 4 crédits ECTS]


Professeurs : Pezeril Charlotte, Lenel Emmanuelle, Majastre Christophe, Zitouni Benedikte, Rodriguez Lopez Julie
Langues d'enseignement : Les séances sont entièrement dispensées en français.
Objectifs de l'activité : Le séminaire fait partie de l'ensemble des séminaires qui, tout au long du premier cycle, concourent au même objectif général : acquérir une solide culture universitaire en sciences humaines basée sur la lecture et l'analyse de textes classiques et contemporains.
En particulier, le séminaire poursuit une triple ambition épistémologique, méthodologique et théorique.
Du point de vue épistémologique, le séminaire vise à permettre aux étudiants d'acquérir certaines clés en vue de développer la compétence du « comment penser en sciences sociales » à travers l'étude de la manière dont les auteurs classiques et contemporains constituent des objets de réflexion (contextualisation du problème, référence à une totalité signifiante, historicisation), se positionnent par rapport à ceux-ci (registres analytique et normatif) et argumentent la perspective développée (construction intellectuelle, développement d'hypothèses, administration de la preuve). L'étude et la pratique de cette attitude spécifique à la pensée scientifique en général et aux sciences sociales en particulier est de la toute première importance dans le séminaire PLS.
Sur le plan méthodologique, les objectifs sont :
- la mise en œuvre des compétences méthodologiques acquises lors du séminaire de PMSS du premier quadrimestre (bibliographie, mise en page de travaux, …) ;
- l'apprentissage de la lecture approfondie des oeuvres (lexique, contextualisation, structure des textes, thèses et argumentation...) ;
- l'apprentissage de la synthèse analytique (relevé des éléments importants d'un texte, détection d'un fil d'argumentation, …) ;
- l'apprentissage de la comparaison (convergences et/ou divergences et/ou complémentarités entre les registres, les objets, les thèses en présence, les arguments, les méthodes...) ;
- l'apprentissage de la rédaction de petits textes (structuration des idées, précision, clarté et concision, construction des phrases...) ;
- l'apprentissage de la rédaction d'un travail final de synthèse et de comparaison de pensées, respectant les normes de la production scientifique en sciences sociales.
Ces compétences doivent être considérées comme maîtrisées à l'issue du séminaire.
Enfin, du point de vue théorique, le séminaire porte sur trois questions principales en lien avec l'ambition épistémologique développée plus haut :
- Comment le social a été constitué en « réalité » propre, en objet de pensée et d'analyse scientifique spécifique ?
- Quelles sont les principales images, éventuellement concurrentes, du social (paradigmes et registres) ?
- Comment la réflexion sur le social a-t-elle permis de comprendre les spécificités des sociétés occidentales par rapport aux autres sociétés ?
Ces trois objectifs seront poursuivis à travers la lecture de textes de « pères fondateurs » ou d'auteurs importants pour la réflexion en sciences sociales.
Prérequis : Séminaire Principes et méthodes en sciences sociales.
Cours d'introduction à la sociologie et à la philosophie.


Contenu de l'activité : La première séance est consacrée à la présentation des objectifs du séminaire et de son déroulement. Ensuite, à partir d'un extrait du texte de M. Weber « La science, profession et vocation », on parcourra quelques oppositions qui ont structuré le débat sociologique : l'opposition entre les registres « descriptif » ou « normatif »; celle entre les paradigmes « holiste » ou « individualiste »; celle entre les explications qui favorisent la « lutte » ou la « stabilité » au sein d'une société.
Les séances suivantes insisteront sur la manière dont les pères fondateurs ont simultanément constitué des objets et des perspectives de recherche. Plus particulièrement, on mettra en évidence des clivages qui traversent les approches en sciences sociales : approches par le tout ou par les parties, par la solidarité ou par la contrainte, par le conflit ou la coopération, etc. Les textes et auteurs sont les suivants:
- Emile Durkheim, la définition du fait social et ses implications théoriques dans un extrait de l'ouvrage Textes I. Eléments d'une théorie sociale ;
- Max Weber, le développement de la perspective compréhensive dans un chapitre d'Economie et société ;
- Georg Simmel, la proposition d'une analyse formaliste dans le texte « Comment les formes sociales se maintiennent » ;
- Karl Marx (et Friedrich Engels), la proposition d'une nouvelle perspective économique et politique dans le Manifeste du parti communiste et quelques autres textes ;
- Marcel Mauss, la proposition d'une nouvelle approche matérialiste du social dans le texte « Les techniques du corps » ;
- Karl Polanyi, la proposition d'une approche historique en anthropologie dans un chapitre de La grande transformation.
Les dernières séances s'attacheront à donner des pistes de réflexion concernant la troisième question fondamentale abordée par ce séminaire : qu'est-ce que le pouvoir et comment ? Plus particulièrement, comment le chercheur peut-il l'analyser et, de ce fait, s'engager ou non dans la société? Les éléments de réponses seront à trouver dans des textes de Michel Foucault (et Gilles Deleuze) : « Il faut défendre la société », « Les intellectuels et le pouvoir ».
Méthodes d'enseignement : Vu qu'il s'agit d'un séminaire et non d'un cours magistral, la préparation proactive par les étudiants du contenu des séances est indispensable et pourra être évaluée (cf. infra). Avant chaque séance, l'étudiant devra impérativement lire le texte qui sera ensuite analysé et commenté collectivement. Cette lecture doit être active : recherche du vocabulaire incompris ; synthèse du propos de l'auteur ; repérage de la logique d'argumentation ; ciblage des passages incompris ou compliqués de manière à pouvoir les travailler en séance.
Pour guider la lecture et la préparation de chacune des séances, les étudiants auront à rédiger un petit travail consistant, selon le cas, à étoffer un lexique personnel de concepts clés, à répondre à quelques questions sur les passages analysés ou à effectuer une analyse comparative. Ces travaux seront collectés en séance et évalués (cf. infra). Afin de permettre aux étudiants de s'améliorer, plusieurs séances pourront se voir consacrées en partie à des commentaires de la part du titulaire sur les travaux remis, sur les présentations effectuées, etc.
En séance, l'accent est mis sur la participation active de l'étudiant. Le dispositif spatial en U favorisant les échanges lors des séances collectives sera préféré.
Méthodes d'évaluation : La cote finale du séminaire est rapportée sur 20 points et se répartit comme suit :
- 10 points porteront sur la rédaction d'un travail final en groupe. Ce travail consistera en une synthèse d'un texte non vu au cours et à sa mise en relation avec les auteurs abordés tout au long du séminaire ;
- 10 points concerneront une défense orale individuelle de ce travail, en rapport avec les éléments vus au cours.
La présence, les travaux intermédiaires, la participation et la lecture proactive des textes feront l'objet d'une évaluation continue. Des manquements trop importants (absences nombreuses, travaux bâclés ou non-rendus, etc.) peuvent être sanctionnés par le retrait d'1 à 2 points sur la cote finale.
Bibliographie : En ordre de traitement lors du séminaire:
Max Weber, 2005 (1917), La science, profession & vocation, Paris, Agone, pp. 36-59.
Emile Durkheim, 1975 (1900), Textes, Vol. 1: Eléments d'une théorie sociale, Paris, Minuit, pp. 22-31.
Max Weber, 1995 (posthume 1922), Economie et société, Vol. 1: Les catégories de la société, Paris, Agone, pp. 27-82 (un condensé).
Georg Simmel, 2006 (1897), « Comment les formes sociales se maintiennent » in Georg Simmel, Le problème de la sociologie, et autres textes, pp. 43-93.
Karl Marx et Friedrich Engels, 1972 (1848), « Bourgeois et prolétaires » in Karl Marx et Friedrich Engels, Manifeste du parti communiste, Paris, Editions sociales, pp. 25-52.
Karl Marx, 1973 (1867), « Le secret de l'accumulation primitive » (Chap. 26) et « La tendance historique de l'accumulation capitaliste » (Chap. 32) in Karl Marx, Le Capital, Livre 1: Le développement de la production capitaliste, pp. 153-174 et 203-205.
Karl Marx, 1994 (1845-46), « Langage et lois de l'économie politique » in Karl Marx, Ecrits de jeunesse, Paris, Quai Voltaire, pp. 257-287.
Marcel Mauss, 1991 (1950), « Les techniques du corps » (Partie 6) in Marcel Mauss, Sociologie et anthropologie, Paris, Presses Universitaires de France, pp. 365-386.
Karl Polanyi, 1983 (1944), « Sociétés et systèmes économiques » (Chap. 4) et « Le marché autorégulateur et les marchandises fictives : travail, terre et monnaire » (Chap. 6) in Karl Polanyi, La grande transformation: aux origines politiques et économiques de notre temps, Paris, Gallimard, pp. 71-86, 102-104.
Michel Foucault, 1997 (1976), « Cours du 14 janvier 1976 » in Michel Foucault, « Il faut défendre la société », Cours au Collège de France, 1976, Paris, Gallimard et Seuil, pp. 21-36.
Michel Foucault et Gilles Deleuze, 1994 (1972), « Les intellectuels et le pouvoirs » in Michel Foucault, Dits et écrits 1954-1988, Vol. 2, pp. 306-315.

Autres informations : Un dossier de lecture comprenant les textes à lire est à la disposition des étudiants, à la reprographie. Des textes annexes pourront être fournis lors des séminaires (voir aussi eSaintLouis).

Années d'études :