Université Saint-Louis - Bruxelles
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Le Centre Prospéro organise un colloque sur le concept de la "généalogie" en philosophie


Publié le 6 avril 2021


Le colloque du Centre Prospéro, qui se déroule sur deux jours les 22 et 23 avril prochains a pour intitulé "Les métamorphoses de la 'généalogie' après Nietzsche". 

Dans Genealogy as Critique (2013), Colin Koopman présente la « généalogie » comme une tradition philosophique non triviale, inaugurée ou du moins promue par la Généalogie de la morale de Nietzsche, au sein de laquelle quelques grands noms ont été Nietzsche lui-même, Foucault, Bernard Williams, Wendy Brown ou Judith Butler.

Une telle présentation semble naturelle : non seulement ces différents auteurs ont tous employé le mot « généalogie » en un sens positif, mais ils ont aussi entretenu des rapports manifestes de lecture et de citation mutuelle. Il est toutefois difficile d’analyser un objet historique tel qu’une tradition. Ici, la tentation immédiate serait de conclure que la généalogie « est » quelque chose, que nous devrions dès lors définir génériquement, pour tirer de cette définition quelque chose comme le dénominateur commun d’un courant philosophique en bonne et due forme. Cette préoccupation définitionnelle semble d’ailleurs omniprésente dans la littérature anglophone récente.

Or il s’agit peut-être d’un paradoxe, car la pertinence de cette question n’est pas intrinsèquement évidente. On pourrait objecter que Nietzsche, Foucault et Butler nous ont précisément mis en garde contre l’essentialisme inhérent aux questions en « Qu’est-ce que… ? », y compris face à des concepts aussi communément admis que la morale, l’homme ou le sexe : « seul est définissable ce qui n’a pas d’histoire », écrivait Nietzsche au § 13 du deuxième traité de la Généalogie de la morale. Si la tradition généalogique est bien une certaine histoire, alors une manière plus méthodique de l’interroger serait peut-être de se demander quels sens on a successivement attachés au mot « généalogie », dans le jeu inévitable des réceptions et des réinterprétations. C’est le problème général que ce colloque voudrait poser. Dans cette perspective, on ne présupposera pas qu’un concept transversal de généalogie se serait transmis de Nietzsche à nos jours : il s’agirait au contraire de mettre cette hypothèse sérieusement en question, en comparant les discours méthodologiques revendiqués ainsi que les pratiques généalogiques concrètes des généalogistes. On en viendrait ainsi à esquisser une histoire des métamorphoses de la « généalogie » après Nietzsche. Trois axes de recherche pourront notamment être les suivants :

  • Quel rôle le Nietzsche et la philosophie de Deleuze a-t-il joué dans cette histoire ?
  • En quel sens Foucault s’est-il réapproprié le mot « généalogie » au début des années 1970 ?
  • Quels échos l’usage foucaldien de la généalogie a-t-il suscités dans les mondes anglophone et germanophone ?

Le Centre Prospéro – Langage, image et connaissance poursuit des recherches interdisciplinaires sur l’imagination et ses productions conceptuelles, artistiques, historiques, culturelles et sociales. Soucieux tout à la fois de la réflexivité et des performances de l’imagination, le Centre Prospéro investit les champs des sciences humaines depuis la philosophie spéculative jusqu’à l’analyse des productions sociales et culturelles, en passant par l’anthropologie philosophique, la psychanalyse, l’esthétique, les sciences littéraires, les études théâtrales et les études cinématographiques. C’est en scrutant les empiètements du corps et de la parole, de l’affectivité et de l’écriture, du langage et de l’image, du désir et du politique que les travaux du Centre Prospéro veulent contribuer à la compréhension de l’auto-constitution concrète de l’homme.

 

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