Que l’on ne dise plus que l’université est enfermée dans sa tour d’ivoire !

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Prendre le temps de (se) poser les bonnes questions dans le cadre, notamment, de l’actualité brûlante de la pandémie.

Que ce soit sous un angle théorique ou fictionnel, mais toujours réflexif, il s’agit pour François Ost, ancien Vice-Recteur et professeur émérite invité de notre université, d’interroger les grands enjeux juridiques de notre société.

Questionner les évidences

L’ouvrage « De quoi le Covid est-il le nom ? »* écrit par François Ost, que l’on ne présente plus tant sa notoriété est importante dans et hors de notre université, vient tout juste de recevoir le Prix du livre politique 2021.

Ce prix, décerné par un jury composé de journalistes et de représentants du monde associatif, récompense un ouvrage qui contribue à alimenter le débat démocratique. « Le souhait de vulgarisation critique » de l’auteur a été entendu et il s’en réjouit, tant lui semble importante la mise en discussion des grandes problématiques contemporaines en lien avec le droit.

L’ouvrage questionne ainsi nos valeurs « évidentes » telles que la préservation de la santé et de la vie à tout prix, le rapport à la mort, le cadre juridique des réponses nécessaires, exceptionnelles ou urgentes que notre société a tenté d’apporter pour faire face à la pandémie qui est peut-être d’ailleurs une syndémie.

Le format court et ludique de l’abécédaire

Par ailleurs, paraît aux éditions Anthémis en cette fin décembre 2021, son " Abécédaire d'une pandémie , Ce que le Covid révèle de notre société »**.

Ce recueil fait appel au format court du verbo, ou entrée d’un dictionnaire, pour poser plusieurs des questions radicales que la pandémie suscite : la santé, la peur, les vaccins, la vie et la mort, les mesure sanitaires, etc. (Cf. par exemple, « Avenir », « Démocratie », « Fake news », « Masque », « Mort », « Peur », « Vaccins », « Vie », « Zoonose »).

En creux, une réflexion juridique et philosophique sur la manière dont notre société fait face à cette crise d’ampleur mondiale, à ce « fait sociétal total ».

L’approche fictionnelle du conte philosophique

Dans une approche originale de « faire du droit », loin des écrits juridiques classiques qui ont traversé sa carrière de chercheur, François Ost recourt aux genres littéraires fictionnels du théâtre ou du conte, en ce qu’ils ont le pouvoir de stimuler l’imaginaire et de susciter un questionnement créatif sur les grands enjeux juridiques contemporains.

Les deux recueils de contes*** sont riches des variétés que le genre narratif permet : la fable animalière, le récit historique, le thriller policier, la dystopie, la science-fiction, le fantastique, ou encore, le genre « à la manière de… » (Kafka, en l’espèce). Autant d’approches tantôt ludiques, tantôt sérieuses qui permettent d’aborder de manière interpellante des questions fondamentales : la place du droit face à la violence du peuple ; où sont les juges intègres ?; quel pouvoir aux experts ; le meurtre d’un clone ; la bibliothèque comme un être doué de vie autonome ; les animaux ont-ils des droits ?; etc.

Précision notable : les personnages féminins de ses écrits ont presque toujours le beau rôle, en tant que voix raisonnables et sources de solutions.

Le genre fictionnel, un medium ludique vers de plus larges publics

Ces contes ne sont pas à comprendre comme des contes enfantins merveilleux, ils sont d’ailleurs destinés à être davantage lus que dits. Encore que, ils sont régulièrement lus à voix haute, en guise d'introduction, dans le cadre de formations des magistrats ou de séminaires juridiques.

François Ost a par ailleurs à cœur de faire percoler sa réflexion vers des publics non juridiques ou non académiques, notamment vers les publics des adolescent·e·s en humanités, par exemple.

Après l’enseignement universitaire qui a rempli une bonne partie de sa vie académique, c’est son autre manière de participer à l’avènement des citoyens de demain, éclairés, critiques et outillés.

François Ost est juriste et philosophe. Auteur prolixe, il a rédigé des ouvrages juridiques ou philosophiques (théorie et philosophie du droit), pièces de théâtre, recueils de contes, de nouvelles, etc. dont la plupart font l'objet de traductions. François Ost est également ancien Vice-Recteur et professeur émérite invité de notre université  ainsi que professeur honoraire à l'Université de Genève (Suisse). Rappelons qu'il est également membre de l'Académie royale de Belgique, Président-fondateur de l'Académie européenne de théorie du droit et Président de la Fondation pour les Générations futures.

FG

Link@lumni n°35 - Hiver 2022

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(*)      De quoi le Covid est-il le nom ?, coll. L’Académie en poche, Ed. Académie royale de Belgique, mai 2021, 116 pp.

Prix remis le 19 novembre 2021 dans le cadre de la Foire du livre politique (Liège).

(**)     ABÉCÉDAIRE D'UNE PANDÉMIE, Ce que le Covid révèle de notre société, Ed. Anthémis, déc. 2021, 110 pp.

(***)   Nouveaux contes juridiques, Ed. Dalloz, Paris, oct. 2021, 160 pp.

Ils font suite à l’ouvrage Si le droit m'était conté, chez le même éditeur, oct. 2019, 218 pp.