Université Saint-Louis - Bruxelles
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Quand la recherche en statistique nous apprend que constituer un réseau social, réel ou virtuel, de qualité contribue à la réussite de nos étudiant·e·s

[Recherche]

 

 

Kristel Vignery a défendu sa thèse de doctorat le 10 septembre dernier.

Sa recherche, intitulée “Student networks and their links with academic achievement: Theoretical and methodological perspectives”*, sous la promotion du professeur Wim Laurier (USL-B), explore de façon originale le lien entre intégration dans un réseau de pairs et réussite académique de nos étudiant•e•s.

 

Du data mining dans une visée non commerciale

 

Kristel Vignery est titulaire d’un Master en statistique et s’est spécialisée durant son parcours en data mining (en français « extraction de connaissances à partir de données »)**.

 

À l’entame de sa recherche, la doctorante faisait le constat qu’aucune étude en Belgique ne s’est emparée de la question du lien entre réseaux étudiant•e•s et réussite de leurs études. Il y avait donc un champ de recherche à investir de façon originale d’autant que le data mining est d’ordinaire un outil d’analyse sollicité pour des approches industrielles, informatiques, ou liées à la finance ou encore au marketing.

 

Elle a donc eu l’idée d’appliquer cette approche aux réseaux sociaux, réels (échanges concrets entre personnes) ou virtuels (groupes Facebook, cours en ligne, etc.), auxquels les étudiant•e•s recourent, ce qui permet l’étude de leur impact sur les performances académiques de leurs usagers et usagères. 

 

Une collecte statistique des données et des graphes pertinents

 

L’approche est statistique, c’est-à-dire quantitative, et mathématique.

La chercheuse a par exemple engrangé une multitude d’informations au travers d’articles scientifiques, relatifs à la comptabilisation du nombre de questions posées sur les forums d’étudiant•e•s, du nombre de visites sur leur plateforme de cours, ou encore du nombre de posts déposés ou d’heures passées sur Facebook. Elle a aussi interrogé les étudiant•e•s via des questionnaires remis en amphithéâtre, afin de reconstituer leur réseau (il leur a été demandé par exemple de citer 10 ami•e•s proches et 10 connaissances stratégiques).

 

Cette collecte des données a permis à Kristel Vignery de créer des graphes de réseaux, ces représentations graphiques du maillage qu’un individu établit avec son réseau de relations, un peu à l’image de ce que les services de police constituent pour voir clair dans une enquête.

 

Ensuite, elle a croisé ces 574 étudiant•e•s et leurs réseaux avec leurs résultats d'examens*. À noter que toutes les filières d’études ont été envisagées.

 

Deux types de résultats étonnants

 

Tout d’abord, elle a décelé ce qu’elle appelle « un effet de sélection ». Les étudiant•e•s, dès leur arrivée en première année, choisissent, instinctivement pourrait-on dire, comme ami•e•s des pairs qui ont les mêmes niveaux de performance. Et dans la suite du cursus d’études, les performances de ces mêmes pairs continuent d’influencer les performances de l’étudiant•e, positivement ou négativement, selon qu’il s’agisse de pairs très ou peu performants.

 

Ce qui fait dire à notre docteure qu’il vaut mieux, pour un•e étudiant•e, être seul•e que mal accompagné•e.

 

Cette observation a d’évidentes implications pédagogiques, par exemple dans la constitution des groupes de travaux pratiques et de séminaires. On pourrait imaginer des dispositifs dans lesquels un•e étudiant•e davantage performant•e soit le parrain ou la marraine d’un•e étudiant•e moins performant•e. Les stratégies de mixing constituent ainsi un élément de la stratégie pédagogique.

 

Un deuxième résultat concerne « les indices de centralité ». Les enseignements qui s’en dégagent sont intéressants. L’information collectée par un•e étudiant•e est plus valide lorsqu’elle est « locale », c’est-à-dire proche géographiquement (en provenance des relations voisines, des connexions indirectes), que si l’information vient de loin (de sources plus éloignées). L’étude démontre que cette proximité des sources d’informations, apportée par la qualité du réseau, a des liens directs avec la réussite de l’étudiant•e.

 

Les implications sont à nouveau riches de prolongements institutionnels. Il s’agirait de sensibiliser les étudiant•e•s à partager des informations quand elles leur proviennent d’une source proche et identifiée, cette recommandation prenant encore plus d’importance dans le cas des informations collectées en ligne.

 

Kristel Vignery, docteure fraîchement diplômée en sciences économiques et de gestion de notre université, contribue par sa recherche à l’avancement de la connaissance de nos cohortes d’étudiant•e•s quant à leurs habitudes sociales qui ont des liens directs avec leurs performances académiques.

 

Sa thèse et ses résultats nourriront sans doute les politiques pédagogiques universitaires à venir.

 

À nouveau, une plus-value sociétale apportée par la recherche à Saint-Louis.

 

* En français : « Réseaux étudiants et réussites académiques. Perspectives théoriques et méthodologiques. »

** Le data mining a pour objet l’extraction d'un savoir ou d'une connaissance à partir de grandes quantités de données, par des méthodes automatiques ou semi-automatiques, Wikipedia

*** Il va de soi que les données ont été anonymisées au cours de l’étude dans le respect de la déontologie requise par le traitement de données à caractère personnel.

 

 

F.G.

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