Université Saint-Louis - Bruxelles
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FILO1219 - Histoire de la philosophie de l'antiquité et séminaire


USL-B


Crédits : 6

Professeur :
Mode d'enseignement :
Premier quadrimestre, 45 heures de théorie et 30 heures de travail personnel.

Horaire :
Premier quadrimestre
le mardi de 11:15 à 12:45 au 119 Marais 2200
le mercredi de 13:30 à 15:30 au 119 Marais 2200
le vendredi de 13:30 à 15:00 au 119 Marais 2200

Langues d'enseignement :
Français

Activités d'apprentissages :
FILO1219A - Histoire de la philosophie de l'antiquité : théorie [1 Q. • 45 Th. • Pond. : 1] Sophie Klimis
FILO1219B - Histoire de la philosophie de l'antiquité : séminaire [1 Q. • 30 Ex. • Pond. : 1] Sophie Klimis

Objectifs d'apprentissage :
L'objectif général du cours est d'introduire les étudiants au dialogue avec l'ensemble de la pensée grecque, non pas dans une perspective figée « d'histoire pour antiquaires » telle que Nietzsche l'avait déjà dénoncée, mais en tant que, chercher à comprendre les Grecs, c'est chercher à comprendre comment se sont instituées les formes du penser en Occident, dont nous sommes aujourd'hui encore tributaires et qu'il nous appartient de continuer à élaborer, ainsi que Castoriadis l'a mis en évidence.
Compte tenu de cet objectif général, un premier objectif d'apprentissage consistera à faire acquérir de solides connaissances dans le domaine de la philosophie ancienne. La philosophie renvoie d'abord à un large corpus de textes grecs transmis par l'histoire de la philosophie. Le cours vise à introduire à la compréhension en profondeur des dynamiques de pensée, des problèmes et des conceptualités sous-jacentes à ces textes fondateurs de l'histoire de la philosophie.
Un second objectif d'apprentissage consistera à sensibiliser les étudiants à la manière dont la philosophie s'est instituée dans sa spécificité en construisant un rapport critique (voire polémique) avec les autres discours « instituants » (Mainguenau, Cossutta), c'est-à-dire porteurs des significations fondamentales de la société grecque (notamment les discours des poètes, des rhéteurs et des historiens). C'est la raison pour laquelle nous étudierons aussi des textes poétiques (Homère, Sophocle) et des textes d'historiens comme Thucydide, en tentant de mettre à jour la vision du monde et les valeurs qu'ils promeuvent, et la manière dont les philosophes ont tenté de s'en distancier, ou, au contraire, ont pris appui sur eux.
Un troisième objectif d'apprentissage vise à leur faire prendre conscience des problèmes d'interprétation liés à la transmission des textes grecs ainsi qu'aux questions de traduction : la plupart du temps, les textes grecs sont des « patchworks » résultant d'un patient travail de reconstruction philologique et papyrologique comparant les différentes sources (papyrii et manuscrits, dont les plus anciens sont ultérieurs de plusieurs siècles au texte original). Par ailleurs, les œuvres de certains penseurs (Héraclite, les sophistes, les stoïciens), nous sont parvenues sous forme très fragmentaire, et nous sont surtout connues par des témoignages indirects, le plus souvent critiques. Enfin, dans certains cas, des commentaires médiévaux de textes grecs sont parvenus pour la première fois en Occident chrétien avant le texte lui-même. Nous étudierons les effets de sens induits par ces différents problèmes de transmission des textes grecs. En ce qui concerne la traduction, nous montrerons en quoi cette dernière est toujours une opération de « recréation » du sens du texte original, et non pas une opération « mécanique » de transposition d'un sens supposé immuable d'une langue à une autre.


Prérequis :
Pour le programme de Bachelier en langues et lettres françaises et romanes, orientation générale :

Pour le programme de Bachelier en philosophie :


Corequis :
Aucun

Contenu de l'activité :
Les Grecs sont ces « intempestifs », sans cesse imités et réinventés par les philosophes ultérieurs. En se limitant au seul XXème siècle, on pourrait par exemple évoquer l'importance de l'étude des Présocratiques pour le dernier Heidegger, la réélaboration par Hannah Arendt de la distinction aristotélicienne entre la « vie active » et la « vie contemplative », la renaissance avec Perelman de la théorie de l'argumentation à partir d'une relecture de la Rhétorique d'Aristote, la relecture incessante des poètes, des historiens et des philosophes grecs qui traverse l'œuvre de Foucault, de son étude de « l'usage grec des plaisirs » à celle du « gouvernement de soi et des autres », jusqu'à aujourd'hui où un Alain Badiou revendique son platonisme et propose une « hyper-traduction » de la République. Mais c'est surtout à la relecture des Grecs par Cornelius Castoriadis que nous nous attacherons, en étudiant ce qu'il appelle la « création grecque », soit l'invention conjointe de la démocratie (entendue comme projet d'autonomie sociale) et de la philosophie (entendue comme interrogation illimitée), dans une période qui va d'Homère à la fin du Vème siècle. Nous envisagerons donc les deux figures majeures de la philosophie grecque, Platon et Aristote, en tant qu'ils viennent « après » cette intense période de création politique et philosophique, et que toute leur œuvre doit se comprendre en fonction d'elle.

Le cours ex cathedra comporte 5 grandes parties :

1. nous commencerons par étudier les textes poétiques qui constituent les références de base de toute la culture grecque : l'Iliade et l'Odyssée d'Homère, ainsi que la Théogonie et les Travaux et les Jours d'Hésiode. Si le Socrate de la République appelle Homère « l'éducateur de toute la Grèce » et combat si vigoureusement la représentation des dieux et des héros de l'épopée, c'est parce qu'Homère fournit à l'ensemble du monde grec, au moins jusqu'au Vème siècle, le cadre de ses valeurs, sa représentation de ce qui fait l'essence de l'humain, du cosmos, des dieux, de la justice et du monde commun. Nous étudierons aussi des textes tragiques (changent selon les années) comme par exemple le Prométhée Enchaîné d'Eschyle ou l'Antigone de Sophocle, compte tenu de l'importance de la tragédie pour l'autoinstitution de la cité démocratique athénienne, et de l'ampleur de la critique que lui adressera Platon (rappelons l'affirmation au premier abord incroyable selon laquelle c'est l'exclusion des poètes tragiques et comiques qui justifie que la cité idéale de la République soit la « meilleure possible »).

2. La seconde partie du cours est consacrée aux penseurs grecs des VIe-Ve siècles avant Jésus-Christ, désignés sous le nom de penseurs présocratiques (II). Nous commencerons par analyser la construction de cette « catégorie » au XIXème siècle, qui fait de Socrate le « pivot » de l'histoire de la philosophie ancienne. Nous verrons aussi en quoi l'appellation de « philosophes », issue du pythagorisme, est rejetée par certains « présocratiques », comme Héraclite, qui préfère se désigner du nom de « sages ». Nous étudierons ensuite les différents courants de pensée repris sous le vocable de « présocratiques » : les cosmologies proposées par les penseurs de l'école de Milet (Thalès, Anaximandre, Anaximène), le statut du feu-logos, Un-Tout dans les fragments d'Héraclite, le poème de Parménide qui institue le principe logique d'identité et propose une nouvelle cosmologie, l'atomisme de Leucippe et de Démocrite, etc. Nous étudierons enfin ces étranges « présocratiques » contemporains de Socrate que sont les Sophistes, en nous concentrant sur la figure de Protagoras, dont la pensée dévoile les valeurs profondes de la démocratie athénienne.

3. la troisième partie du cours est consacrée aux dialogues de Platon (III) et c'est dans ce contexte que nous envisagerons Socrate comme « personnage conceptuel » (selon une expression empruntée à Gilles Deleuze), en le confrontant à l'énigme du Socrate « historique ». Nous aborderons la spécificité du choix de la forme-dialogue, qui, selon l'expression de Cornelius Castoriadis, « fait voir la pensée au travail », en montrant en quoi la création d'une forme d'oralité spécifique à l'écriture vient contre-balancer la théorie des « doctrines orales et ésotériques » de Platon, émise par des interprètes contemporains, dits de « l'école de Tübingen ». A travers l'analyse d'extraits de plusieurs dialogues, nous aborderons les thématiques centrales de la pensée platonicienne : l'invention de la « différence philosophique » par rapport aux politiques, sophistes, rhéteurs et poètes ; les questions de l'âme, de la justice, de l'Erôs, de la vertu, etc. Nous étudierons aussi les créations de pensée propre à Platon : l'institution de la méthode dialectique, les grands Genres du Sophiste; les Idées envisagées comme « figures du pensable ». Nous verrons finalement en quoi la philosophie platonicienne est bien, selon la description qu'en donne Alain Badiou, la constitution d'une scène philosophique qui parvient à rendre compossibles les registres hétérogènes de la politique, des mathématiques, de la poésie et de l'amour.

4. La quatrième partie est consacrée à la pensée d'Aristote. Ce dernier est en effet l'inventeur de la philosophie telle que nous la pratiquons encore aujourd'hui, comme mettant en œuvre une forme d'argumentation qui ne recourt plus au mythe comme le faisait encore Platon, mais utilise une méthode diaporématique, qui, à partir d'un état de la question, dégage des « apories » et tente d'y apporter une solution. Aristote est aussi celui qui institue une délimitation tranchée des différentes « régions de l'être », dont il entreprend de dégager les principes propres. Nous nous intéresserons ainsi tout particulièrement à l'étude du devenir telle qu'elle est thématisée dans la Physique, au croisement entre ontologie, ousiologie et théologie dans la Métaphysique, ainsi qu'à la spécificité de la théorisation du domaine des « choses humaines » dans les traités éthico-politiques. Nous accorderons une attention particulière à la théorisation du langage humain d'Aristote, depuis l'étude de ses conditions anatomiques dans les traités biologiques, jusqu'à la différenciation entre langages apophantique, rhétorique et poétique.

5. La cinquième partie du cours aborde les grands courants de la philosophie hellénistique, c'est-à-dire le stoïcisme, l'épicurisme et le scepticisme. Nous étudierons ces trois courants en les envisageant à la fois sous un angle théorique (logique, physique, éthique), mais aussi comme étant des pratiques de vie, des « exercices spirituels » dont l'importance a été mise en évidence par Pierre Hadot.

La partie séminaire se focalise sur l'étude détaillée d'une seule œuvre. Compte tenu de leur importance dans l'histoire de la pensée, il peut s'agir d'un dialogue de Platon ou d'un traité d'Aristote. En automne 2019, le séminaire a été consacré à la lecture de la République de Platon. En automne 2020, au Politique de Platon. En automne 2021, le séminaire sera consacré au Gorgias de Platon.

Un descriptif détaillé des objectifs et attendus du cours et du séminaire est disponible sur MOODLE.


Activités d'apprentissages prévues et méthodes d'enseignement :
Cours ex-cathedra ménageant des moments d'échange et de dialogue avec les étudiants en fin de séance. Le séminaire est introduit par le Professeur (3 séances). Puis, il se compose de présentations orales des étudiant.e.s et d'une discussion collective du texte étudié.



Méthodes d'évaluation :
L'UE comporte une partie de cours théorique ex-cathedra (3h) qui fait l'objet d'une évaluation par un examen oral. Ce dernier vaut la moitié de la note finale. L'autre partie de l'UE consiste en un séminaire de lecture de texte de philosophie grecque. L'évaluation de ce séminaire comporte la présentation d'un séminaire oral ainsi que la rédaction d'un travail écrit. Ces deux activités d'enseignement valent ensemble pour la moitié de la note finale, à raison d'un quart pour chacune. La participation des étudiant.e.s aux discussions lors des séminaires hebdomadaires est aussi prise en compte dans l'évaluation.

Session de janvier 2022 : en fonction de l'évolution de la pandémie, deux modes d'évaluation sont possibles :
Enseignement en présentiel:
- Partie théorique : Examen oral en présentiel. Questionnaire comprenant 5 questions fourni à l'étudiant, qui disposera de 20 min. de temps pour préparer 3 questions au choix. La titulaire pourra ensuite approfondir l'évaluation de la connaissance du cours en posant oralement d'autres questions à partir de ces réponses préparées.
- Partie séminaire: travail à remettre pour le dernier séminaire : 8 Décembre 2021: (sauf arrangement préalable avec la professeure)/12 pp. times 12 interligne simple (comprenant : page de titre/bibliographie/plan du travail). Problématisation d'une question au sujet de l'interprétation du Gorgias de Platon, sur le modèle d'un article dans une revue scientifique de philosophie (Les études platoniciennes Philosophie antique ou la Revue de Philosophie ancienne, par ex.). Le travail doit développer une problématique originale et comporter la discussion d'au moins 2 articles de littérature secondaire ou d'un livre.

- à distance :
Examen oral par TEAMS pour la partie cours ex-cathedra (mêmes modalités qu'en présentiel ; le questionnaire sera envoyé par MAIL 20 min. avant l'heure de passage) et présentation orale via TEAMS durant les séances du séminaire, ainsi que travail écrit sur le modèle d'un article scientifique (cf. supra pour les modalités) à envoyer par MAIL pour le dernier cours (8 Décembre 2021, sauf accord préalable avec la titulaire).


Bibliographie :
Une bibliographie sélective et commentée pour chaque partie du cours est disponible sur Moodle.

Autres informations :
Support
Différents supports de cours sont disponibles sur Moodle : extraits de textes travaillés au cours ; notes de synthèse pour certaines parties du cours. Ces supports ne constituent pas un syllabus exhaustif et doivent impérativement être complétés par les notes personnelles des étudiant.e.s, prises au cours.

Pour la partie séminaire, la présence est obligatoire.