Université Saint-Louis - Bruxelles
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DROI1122 - Philosophie



Crédits : 8

Professeur :
Assistant :
Mode d'enseignement :
Présentiel, premier et deuxième quadrimestre, 90 heures de théorie.

Horaire :
Premier quadrimestre
le mardi de 11:00 à 12:00 au 43 Botanique 1
le jeudi de 09:00 à 11:00 au 43 Botanique 1

Second quadrimestre
le mercredi de 15:00 à 16:00 au 43 Botanique 1
le jeudi de 09:00 à 11:00 au 43 Botanique 1

Langues d'enseignement :
Français.

Objectifs d'apprentissage :
Développer le sens critique et la capacité de réflexion des étudiants en les introduisant aux diverses formes de discursivité philosophique et notamment à l'argumentation. Eveiller leur curiosité pour la multiplicité et la complexité des formes de pensée et des questionnements qui jalonnent l'histoire de la philosophie.


Prérequis :
Aucun

Corequis :
Aucun

Contenu de l'activité :
Le cours est divisé en deux grandes parties, qui visent à fournir de solides bases d'anthropologie philosophique (1er quadrimestre) et de philosophie politique (second quadrimestre). « Qu'est-ce que l'humain ? » et « qu'est-ce que la politique ? » sont ainsi les deux questions qui nous serviront de fil rouge et qui nous permettront aussi d'aborder obliquement d'autres domaines de la philosophie (éthique, métaphysique, épistémologie, esthétique, notamment). En guise d'introduction, chacune de ces questions se verra d'abord problématisée. Problématiser, c'est construire méthodiquement un problème. L'on commencera donc par constater qu'il faut fournir un effort de réflexion pour élaborer une question, ainsi que pour développer de manière cohérente les sous-questions implicites contenues dans un énoncé en apparence simple (« qu'est-ce que … ? »), au contraire des questions « toutes faites », qui ne peuvent mener qu'à du « prêt-à-penser ». Par exemple, nous verrons qu'en choisissant la forme de l'énigme pour « dire » ce qu'est l'humain, les Grecs ont attiré l'attention sur le fait que ce qui devrait être pour chacun(e) d'entre nous le plus « évident » est, en fait, peut-être le plus obscur. Nous verrons aussi que se demander ce qu'est la politique consiste nécessairement à examiner le statut du « changement de genre » qui l'affecte dans le champ philosophique (le politique), et à interroger ce qu'est la démocratie, depuis son exercice « direct » dans le contexte de la cité grecque, jusqu'à sa forme « représentative » dans l'Etat-Nation moderne.
Dans un second temps, chacun des deux grands axes thématiques du cours comportera une partie baptisée « enquête ». Ce terme est emprunté à la méthode d'Aristote, dont on s'inspirera ici. En effet, pour Aristote, la théorie doit toujours prendre appui sur un vaste matériau « d'enquêtes » (historiai) empiriques, a fortiori lorsqu'il s'agit du domaine des « affaires humaines ». Qu'il s'agisse du recensement des constitutions politiques (Politiques) ou des opinions ayant cours au sujet du bonheur (Ethique à Nicomaque), ces « enquêtes » visent à sélectionner des opinions « bien considérées » : des opinions qui devront être discutées, parce qu'elles émanent de penseurs jouissant d'un certain renom. Ici, il s'agira d'examiner de manière approfondie notre question centrale chez quatre auteurs de référence. Le premier sera toujours un auteur grec, mais non philosophe : Homère pour « qu'est-ce que l'homme ? » et Thucydide pour « qu'est-ce que la/le politique ? ». Si la parole du poète et celle de l'historien seront ici prises en considération, c'est d'abord parce qu'elles contiennent un potentiel de pensée, de questionnement et de connaissance d'une valeur égale à celui des textes philosophiques. Mais aussi, parce que les philosophies de Platon et d'Aristote, — qui nous serviront de « socle » dans les deux parties du cours —, se sont élaborées dans un dialogue critique incessant avec ces autres traditions de pensée. En effet, si Platon n'est pas stricto sensu le premier « philosophe » (l'invention du terme est attribuée à Pythagore), c'est pourtant bien lui qui invente la « singularité philosophique », en instituant le champ de la philosophie, par différenciation des autres pratiques du logos (épopée, tragédie, comédie, histoire, médecine, rhétorique, etc.). C'est donc pour comprendre les positions de Platon et d'Aristote, elles-mêmes à l'origine de multiples courants de pensée ultérieurs, qu'il a ici semblé nécessaire de remonter « en amont ». Après Platon et Aristote, chaque « enquête » se clôturera par l'examen d'un « Moderne » ayant joué un rôle-clé dans l'élaboration de la question examinée : Descartes pour l'humain et Rousseau pour la politique.
En concentrant l'enquête sur un nombre très limité d'auteurs, il s'agira de contourner l'écueil du « quizz/zapping par mots-clés », pour privilégier le suivi approfondi de la cohérence d'une pensée. Dans cette visée, les angles d'approche seront néanmoins démultipliés : depuis la présentation d'ensemble des différents axes de la pensée d'un philosophe (Descartes au premier quadrimestre) jusqu'à la lecture ciblée d'une seule œuvre-clé (la République de Platon au second quadrimestre). Cette partie « enquête » est aussi égayée de brefs « intermèdes ». Ces petites récréations de pensée réactivent à leur manière l'esprit de l'une des définitions de la philosophie proposées par Platon : celle d'être un « jeu sérieux ». Tantôt comiques (Ulysse, le fantôme et Skype ; la chatte de Montaigne, la pie de Descartes et l'Orang-Outang de Rousseau ; etc.), tantôt générant un « téléscopage temporel » (Million Dollar Baby d'Eastwood vu comme un film épique ; les Communautés virtuelles et les amis Facebook examinés à la lumière des analyses d'Aristote, etc.), ces intermèdes annoncent la plongée dans le monde contemporain qui caractérisera la troisième partie.
En effet, si le rôle de l'éducateur est « de faire le lien entre l'ancien et le nouveau », c'est, comme le souligne Hannah Arendt, parce que « éduquer vise à préparer les jeunes à la tâche de renouveler un monde commun » (Arendt, 1972, p. 252). Dès lors, la troisième partie soumettra des « apories » à la réflexion personnelle des étudiant(e)s. En grec ancien, le terme aporia désigne littéralement l'absence d'une voie de passage (d'une rivière, par exemple). Il prend aussi le sens plus abstrait de « difficulté », « problème », notamment chez Aristote, dont nous continuerons ici à nous inspirer. En effet, la discussion critique des opinions « bien considérées » constitue seulement le premier moment de la méthode, qu'Aristote nomme « l'examen dialectique ». Ce dernier vise à dégager des « apories », que l'argumentation philosophique proprement dite aura pour tâche de « traverser » (diaporia), afin de parvenir à les « résoudre » en leur trouvant une « solution » (euporia). Concrètement, il s'agira ici de reprendre chacune de nos deux questions de base en les abordant à partir d' « apories » qui auront émergé transversalement à l'étude des quatre auteurs de référence. Ainsi, chacun(e) devra-t-il/elle in fine se réapproprier la question générique « qu'est-ce que l'homme ? » comme étant celle de notre humanité commune, à tous. L'aporie pourra alors être reformulée au moyen de la question suivante : notre humanité doit-elle s'envisager comme une « nature» d'emblée donnée, comme le produit dérivé d'une culture, ou comme « autocréation » radicale ? Une seconde aporie lui est sous-jacente, qui interroge l'identité, forcément « mienne », de chaque être humain : « qui ou que suis-je ? Un soi, une âme, un sujet ? ». Nous examinerons ces trois notions que les philosophes ont forgées pour tenter de répondre à cette question de l'« identité », en étant particulièrement attentifs aux liens qu'elles entretiennent.
La seconde question, « qu'est-ce que la/le politique ? », sera quant à elle modulée sous la forme suivante : « quelle(s) démocratie(s), d'hier à aujourd'hui ? ». Les trois apories qui nous permettront d'interroger le lien consubstantiel entre politique et démocratie seront « cernées » à partir de termes grecs. Arkhè : quel(s) fondement(s) à l'institution de la société ? Bios/Zoé/Anthrôpos : quelles formes de vie et quels types anthropologiques en démocratie ? Kôinônia : quelle communauté des communautés la politique rend-elle possible ? Au niveau de la méthode, chaque aporie sera construite de la même manière. D'abord, une « problématisation des acquis » dégagera des axes généraux de comparaison et de réflexion, transversaux à l'étude des quatre auteurs de « l'enquête ». Ensuite, ces axes seront travaillés à l'aide de textes de penseurs contemporains, — majoritairement philosophes (Heidegger, Sartre, Ricoeur, Castoriadis, Rancière, Badiou, Serres, Haraway, Butler, Lordon) mais aussi paléo-anthropologues, primatologues (Coppens, Hublin, Picq) et écrivains (Bernabé, Chamoiseau, Confiant) —, ainsi que de quelques auteurs phares de la modernité tardive (Hegel, Constant, Tocqueville, Nietzsche et Marx, notamment).

Activités d'apprentissages prévues et méthodes d'enseignement :
Le cours à proprement parler sera ex cathedra et donné en grand amphithéâtre. Des moments de discussion avec l'auditoire seront prévus après chaque grande partie du cours.
Pour des discussions plus personnalisées, une permanence d'une heure/semaine sera assurée par la professeure responsable dès la rentrée académique, le jeudi de 11h à 12h, après le cours. Par ailleurs, une aide est proposée dans les séances hebdomadaires de monitorat (voyez monitorat de philosophie)



Méthodes d'évaluation :
L'évaluation s'appuiera sur un examen écrit. Les questions porteront sur la compréhension des grandes articulations du cours et des textes philosophiques qui en constituent le fondement. Outre l'étude du cours lui-même, les étudiant(e)s devront avoir lu en entier, pour le premier quadrimestre, l'une des trois œuvres suivantes (abordées au cours), au choix (de préférence dans l'édition de poche GF-Flammarion) :
1. Platon, le Phèdre
2. Aristote, livre I des Politiques
3. René Descartes, Méditations Métaphysiques

Bibliographie :
Une bibliographie complète des œuvres étudiées au cours est renseignée aux pp. 335-358 du livre de référence du cours. Elle est mise à la disposition des étudiants sur le réseau i-fusl, ainsi que la table des matières du livre, qui sert de plan de cours.

Autres informations :
Le support écrit du cours est le livre suivant :
Sophie KLIMIS, L'énigme de l'humain et l'invention de la politique. Les racines grecques de la philosophie moderne et contemporaine, De Boeck, Bruxelles, 2014. Chaque version papier est pourvue d'un code individuel, qui permet à l'étudiant(e) d'accéder à une version électronique du livre, comprenant des « bonus » (biographies des auteurs étudiés et lexique des termes de grec ancien).