Université Saint-Louis - Bruxelles
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Transactions commerciales et relations sociales entre Grecs et Turcs à Bruxelles


Publié le 3 novembre 2011


La Grèce et la Turquie ont entretenu des relations très tendues au cours du XXème siècle. Par ailleurs, ces pays ont connu une importante émigration, notamment à destination de la Belgique. Quelles relations leurs ressortissants ont-ils entretenues à Bruxelles lorsqu'ils ont été amenés à se côtoyer ? C'est la question que se pose l'anthropologue Katerina Seraïdari dans le numéro 53 de Brussels Studies en se penchant particulièrement sur les épiceries tenues par les personnes originaires de ces pays.

Entre 1955 et 1961, 10195 Grecs reçoivent un permis de travail belge. Ils Žmigrent essentiellement pour travailler dans les charbonnages. A l'arrivŽe des Turcs qui les suivent de peu, ils ma”trisent dŽjˆ la langue du pays et ont eu le temps de s'initier au mŽtier de mineur ainsi qu'aux codes culturels locaux. Ils tissent avec ces nouveaux immigrŽs des liens de solidaritŽ fortement teintŽs de hiŽrarchie.

En se basant sur le propre regard des membres des populations d'origine turque et grecque, l'auteure trace les contours d'une cohabitation bruxelloise. La grande majoritŽ des personnes interrogŽes considre qu'il n'existe pas de problmes relationnels entre les deux communautŽs. Grecs et Turcs se sont abondamment c™toyŽs dans le cadre de leur vie professionnelle, et continuent de le faire, notamment dans le cadre du commerce de proximitŽ, au travers d'Žpiceries vendant des produits en provenance de Grce et de Turquie. Ils ont aussi frŽquentŽ les mmes quartiers, Žcoles, syndicats, Žpiceries et cafŽs.

Des liens durables n'Žmergent cependant pas et, une fois une certaine ascension sociale acquise, - et avec elle le dŽplacement dans un quartier favorisŽ et la frŽquentation d'un milieu plus aisŽ, - ces relations de voisinage et de camaraderie se sont dŽsagrŽgŽes.

En filigrane de ce texte appara”t la question, maintes fois posŽe ˆ Bruxelles, de la (non-) importation de conflits ou rivalitŽs par le biais des mouvements transnationaux de populations.